Les peuples amérindiens sont aujourd’hui des minorités fragilisées et en première ligne face au changement climatique. Dans un pays où la colonisation occidentale a remporté toutes les victoires, les amérindiens survivent. Casey Camp, dirigeante du peuple Ponca, témoigne.
Je crois que les américains vivent dans une culpabilité collective de ce qu’ils ont fait aux peuples natifs.
Casey Camp Horinek est à la fois actrice, activiste, membre du conseil tribal de tribu des Ponca et présidente de « Movement Rights », une association qui milite en faveur du droit à la nature. À 71 ans, elle porte plus que jamais sa lutte pour les droits de son peuple et pour la protection de l’environnement au coeur de son action. Elle distille un discours à contre courant, peu audible que ce soit dans son propre pays ou outre atlantique. Elle est la voix d’une culture rendue minoritaire et fragilisée sur son propre territoire.
Le but principal de son action et celle de son association, Movement Rights est de lutter pour le droit à la nature. Ce concept renferme plusieurs volets comme la protection de la nature, la reconnaissance du rôle des forces naturelles (rivières, montagnes…), la préservation des ressources pour les générations futures ainsi que le retour à un mode de vie plus proche de la nature. Alors qu’elle semble converger avec la plupart des revendications des mouvements écologistes occidentaux, elle en diffère profondément notamment de part sa culture, profondément attachée à la nature, acceptant la supériorité de celle-ci sur l’Homme.
Vous, citoyens de cette planète, devez vous remettre en phase avec les lois de la nature. C’est de cette manière et seulement de celle-ci que vous pourrez vous assurer que vos descendants auront la même chose que vos ancêtres.
L’entente entre les deux culture, celle des colonisateurs et celle des natifs parait déjà complexe de manière théorique. Dans les faits, elle relève d’autant plus de l’utopie tant le poids de l’histoire pèse sur leurs relations. Beaucoup d’événements historiques ont profondément marqué les esprits des amérindiens et ont créé une fracture profonde. Massacre de Wounded Knee, Première Guerre des Séminoles, Standing Rock, ce sont des noms qui entachent les relations entre ces deux cultures. Ces peuples portent pourtant un message d’harmonie et une relation à la nature qui sont aux antipodes des concepts occidentaux. L’appropriation des terres, moteur de la colonisation, est, par exemple, un concept totalement inconnu aux Ponca, tout comme l’exploitation des terres, des rivières.
Le fait de posséder des terres n’a jamais vraiment été dans nos coutumes.
Movement Rights est aussi l’occasion pour Casey Camp de rappeler le sort auquel sont abandonnés les peuples amérindiens en Amérique du Nord. Les terres qui étaient les leurs, après avoir été colonisées, ont été accaparées par les grandes industries notamment pétrolières. Les nations ont été fermés dans des réserves. Les nations Sioux, dont les Ponca sont issus, ont perdu près des deux tiers de leur population à cause des sévices des industriels et de la violence des services fédéraux.
C’est pour contrer cette mouvance, pour alerter les consciences, de tout ce qui se fait encore dans le silence, que Casey Camp a choisi la voix de l’activisme. En tant qu’actrice, elle a toujours rejeté Hollywood et ses représentations biaisées du combat des cow-boys contre les amérindiens. Elle préfère les productions indépendantes ayant à coeur de montrer la réalité de la vie des peuples amérindiens, de mettre en avant leurs cultures, sans appropriations.
Cette rencontre s’est déroulée lors du festival Climax 2019 à Bordeaux.
Production : Nicolas Gruzska
Interview : Nicolas Gruzska, Mélissa Mourroux & Rashel Reguigne.
Traduction : Astrid Moreau et Lucas Huguet.
Un document rare produit par Radio Campus Bordeaux.