Maboula Soumahouro est chercheuse, et l’histoire pourrait s’arrêter là . Pourtant, le regard des autres ne peut s’empêcher de lui poser incessamment la même question : quelle est ton origine ?
« On a du mal à dire « noir » en France. On a du mal à parler de questions raciales. (…) Je crois que c’est important que les étudiants sachent que ces questions se déploient aussi en France hexagonale (…) »
Maboula Soumahouro est docteure en civilisations du monde anglophone et spécialiste en études africaines-américaines et de la diaspora noire/africaine. Elle est maitresse de conférences à l’Université de Tours, membre du laboratoire Interactions Culturelles et Discursives (ICD). Elle est également membre du Cercle d’Etudes Afro-Américaines et de la Diaspora (CEAAD) à Paris. Elle est enfin présidente de l’association Black History Month, dédiée à la célébration de l’histoire et des cultures noires.
Elle vient de publier un essai autobiographique « Le Triangle et l’Hexagone » (La découverte, février 2020) dans lequel elle interroge « l’identité noire » en France. Elle a été interviewée à ce sujet par Olivia Gesbert dans La Grande Table des Idées, en février 2020.
Dans cet entretien que nous vous proposons, il est entre autre question de cet ouvrage mais aussi de son vécu avec la question récurrente origines en toile de fond. Cette question qui semble essentielle à beaucoup est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît.
« Tu viens d’où ? » : éternelle question, avec laquelle a grandi Maboula Soumahouro, en région parisienne. « j’avais l’impression de ne pas être une vraie française », jusqu’à ce que la poursuite de son travail universitaire la porte outre-atlantique, où elle a pu dire, en langue anglaise « je suis française ».
Au sujet des dix années de travail dans des universités américaines, elle écrit :
« (…) je dois mentionner la centralité des cours d’un Edouard Glissant ou d’une Maryse Condé qui, n’ayant pourtant jamais été titularisés au sein de l’université française, ont tous deux mené de grandes carrières aux Etat-Unis. »
Quant à traiter de l’identité noire au sein de l’université française, elle note le « (…) silence assourdissant imposé par la France et l’impossibilité, voire (l’) illégalité, de dire, nommer, penser, sonder les sujets, questions et thématiques qui fâchent aujourd’hui encore. »
En novembre 2019, Maboula Soumahouro intervenait dans un cours de L2 à l’Université de Tours, proposé par Mélissa P. Wyckhuyse, journaliste, chargée d’antenne à Radio Campus Tours et mondoblogueuse RFi. La thématique de cet enseignement d’ouverture était “Tours, l’Africaine ?†L’intervenante souhaitait amener les étudiants à s’interroger sur une possible identité « afro-tourangelle », sur les multiples identités qui constituent une personne, par la réalisation de contenus radiophoniques mettant en valeur les acteurs valorisant les cultures africaines et afro-descendantes à Tours.
Maboula Soumahouro présente ici aux étudiants son parcours de chercheuse et de femme noire en France, et répond à leurs questions.
Un entretien préparé et réalisé par Melissa P. Wyckhuyse, avec le matériel de Radio Campus Tours.
Réalisation : Melissa P. Wyckhuyse, pour la quotidienne La Méridienne, sur Radio Campus Tours.
Un document publié dans le cadre de notre partenariat avec France Culture Conférences. Retrouvez toutes nos contributions ici.